La Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) fait parler d’elle : une allocation mensuelle de 150 euros pour acheter des produits sains et locaux, financée par une cotisation solidaire. Mais qui exactement pourrait en bénéficier ? Alors qu’une proposition de loi écologiste est débattue en février 2025 à l’Assemblée nationale, cet article décrypte les contours de ce projet ambitieux et répond à la question clé : qui aura ces 150 euros dans la poche ?
1. Une idée Simple, une portée universelle
Le principe de la SSA est aussi séduisant que direct : chaque mois, 150 euros seraient versés à chaque individu pour remplir son panier de produits alimentaires de qualité – bio, locaux, issus de circuits courts. Mais la grande différence avec une aide classique ? Tout le monde y a droit, sans distinction de revenus. Inspirée de la Sécurité sociale traditionnelle, cette allocation ne cible pas seulement les plus démunis : elle s’adresse à tous les Français, des nourrissons aux seniors, dans une logique d’universalité.
2. Pourquoi tout le monde ?
L’objectif de cette universalité est double :
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Éviter la Stigmatisation : En donnant la même somme à chacun, la SSA ne pointe pas du doigt les plus pauvres, comme le font certaines aides conditionnées. C’est une démarche inclusive, à l’image des remboursements de l’Assurance-maladie, accessibles sans condition de ressources.
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Changer les Habitudes : En impliquant toute la population, le projet veut transformer les comportements alimentaires à grande échelle, orientant les achats vers des produits durables et soutenant ainsi les agriculteurs locaux.
Comme l’explique Charles Fournier, député écologiste à franceinfo :
« On veut que l’alimentation saine devienne un droit pour tous, pas une charité pour quelques-uns. »
3. Qui sont les bénéficiaires concrets ?
Dans le cadre du projet actuel :
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Chaque Résident Français : Si la SSA voit le jour à l’échelle nationale, chaque personne vivant légalement en France – citoyens, résidents permanents, familles avec enfants – recevrait ces 150 euros. Cela inclut les bébés (pour les parents) et les personnes âgées.
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Pas de Plafond de Revenus : Que vous soyez salarié, chômeur, étudiant ou millionnaire, la somme est la même. Un collectif militant estime que cela représenterait 120 milliards d’euros par an pour couvrir les 67 millions d’habitants.
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Participants aux Expérimentations : Pour l’instant, seuls ceux qui intègrent les projets pilotes locaux (comme en Gironde ou à Montpellier) touchent cette somme, souvent après tirage au sort ou inscription volontaire.
4. Des expérimentations déjà en place
Dans les territoires qui testent la SSA, les bénéficiaires sont déjà bien définis :
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Gironde : 400 habitants, sélectionnés pour représenter la diversité sociale, reçoivent 150 euros via la monnaie MonA, contre une cotisation minime (10 euros pour les plus précaires).
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Montpellier : Des familles modestes, mais aussi des profils variés, profitent du dispositif, qui s’élargit progressivement (France 3).
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Autres Régions : Paris, Alsace ou Cadenet (Vaucluse) expérimentent avec des groupes locaux, souvent en lien avec des associations ou des coopératives.
Ces initiatives montrent que, même en phase test, l’idée d’universalité reste centrale : tous les participants, riches ou pauvres, ont droit à la même somme.
5. Comment c’est financé ?
Si tout le monde touche 150 euros, qui paie ? La SSA repose sur un système solidaire :
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Cotisations Progressives : Chaque personne cotise selon ses revenus et son patrimoine, comme pour la Sécurité sociale. Les plus aisés contribuent davantage, les plus modestes moins.
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Soutien Public : Collectivités territoriales et État complètent via des fonds publics, comme le propose la loi écologiste (35 millions d’euros par an pour l’expérimentation).
Ainsi, même ceux qui cotisent peu ou pas – enfants, chômeurs – reçoivent les 150 euros, grâce à la redistribution.
6. Exceptions et limites
Pour l’instant, la SSA n’est pas nationale, donc seuls les participants aux projets pilotes en profitent. Si elle est généralisée :
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Non-Résidents : Les touristes ou expatriés de passage n’y auraient pas droit.
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Critères d’Usage : Les 150 euros ne sont pas de l’argent libre ; ils doivent être dépensés dans des lieux conventionnés (épiceries bio, marchés locaux), choisis démocratiquement pour leurs pratiques éthiques.
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Adoption Incertaine : Le projet doit encore convaincre les parlementaires, certains critiquant son coût global.
7. Une assiette pour tous, vraiment ?
En résumé, avec la Sécurité sociale de l’alimentation, tous les Français pourraient toucher 150 euros par mois, des plus riches aux plus pauvres, dans une logique de solidarité universelle. Aujourd’hui limitée à des expérimentations locales, cette allocation vise à devenir un droit commun, financé par tous pour tous. Reste à savoir si cette vision solidaire s’imposera face aux défis politiques et économiques. Une chose est sûre : si elle voit le jour, votre panier pourrait bien refléter une France plus équitable.
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