Pas de sacrifice de mouton de l'aid au maroc

En effet, en 2025, le roi Mohammed VI du Maroc a appelé la population à ne pas procéder au sacrifice traditionnel du mouton pour l’Aïd al-Adha, une décision annoncée le mercredi 26 février 2025 par le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, via la chaîne publique Al Aoula. Cette demande, relayée dans une lettre royale, est motivée par des raisons économiques et écologiques exceptionnelles.

« Au Maroc, le roi Mohammed VI a appelé, mercredi 26 février 2025, la population marocaine à s’abstenir de sacrifier le mouton lors de la fête de l’Aïd, en raison de la sécheresse qui frappe le pays pour la septième année consécutive. »

Contexte et raisons

Sécheresse prolongée : Le Maroc traverse une septième année consécutive de sécheresse sévère, avec une pluviométrie 53 % inférieure à la moyenne des 30 dernières années. Cela a entraîné une chute drastique du cheptel, avec une diminution de 38 % des troupeaux de moutons et de bovins depuis 2016.
Pénurie et flambée des prix : La rareté des pâturages et l’augmentation des coûts d’alimentation animale ont fait grimper les prix des moutons, les rendant inabordables pour beaucoup de familles. Un mouton local peut coûter bien plus que le salaire mensuel minimum (environ 3 000 dirhams, soit 302 $), poussant certains à s’endetter pour respecter la tradition.
Impact sur les plus démunis : Le roi, en tant que plus haute autorité religieuse (Commandeur des fidèles), a souligné que maintenir le sacrifice dans ces conditions « causerait un préjudice réel à de larges segments de la population, en particulier ceux aux revenus limités ».

Une décision historique

C’est la première fois en 29 ans, depuis le règne de Hassan II (père de Mohammed VI), qu’une telle requête est formulée. Hassan II avait émis des appels similaires à trois reprises, lors de sécheresses ou de crises économiques (par exemple en 1966). Cette année, la mesure vise à préserver les ressources et à éviter d’aggraver la situation des petits éleveurs et des familles modestes.

Alternatives et adaptations

Flexibilité religieuse : Bien que le sacrifice soit une pratique recommandée (sunnah mu’akkadah) pour ceux qui en ont les moyens, il n’est pas obligatoire en islam si les circonstances rendent sa réalisation difficile ou nuisible. Le roi a ainsi adapté la tradition aux réalités actuelles, une démarche que certains considèrent comme sage et conforme à l’esprit de l’islam, qui privilégie la miséricorde et le bien-être collectif.
Importations : Pour pallier la pénurie, le Maroc a suspendu les taxes sur l’importation de moutons et prévoit d’importer jusqu’à 100 000 têtes d’Australie. Cependant, cela ne suffit pas à rendre le sacrifice accessible à tous.

Réactions

Soutien : Beaucoup saluent cette décision comme une réponse pragmatique à la crise climatique et économique, soulignant qu’elle protège les plus pauvres d’un fardeau financier.
Critiques : Certains y voient une rupture avec une tradition profondément ancrée, ou pointent du doigt des priorités gouvernementales (investissements dans des projets comme le TGV ou la CAN) au détriment de la sécurité alimentaire.

Dates de l’Aïd al-Adha 2025

Basé sur le calendrier lunaire, l’Aïd al-Adha 2025 est attendu autour du 1er ou 2 juin (10 Dhu al-Hijja 1446), selon l’observation de la lune. Sans sacrifice généralisé, les célébrations se concentreront davantage sur les prières, le partage communautaire et d’autres formes de charité.