La Zakat al-Fitr, ou aumône de la rupture du jeûne, est une obligation islamique visant à purifier le jeûneur et à soutenir les pauvres lors de l’Aïd el-Fitr. En ce 27 mars 2025, avec l’Aïd prévu autour du 30 mars selon le CFCM, la question de savoir si une femme divorcée doit la payer – ou si son ex-mari doit s’en charger – dépend du type de divorce et de sa situation financière. Voici une explication claire basée sur les principes juridiques islamiques et les avis des savants.
Rappel sur la Zakat al-Fitr
La Zakat al-Fitr est due par tout musulman disposant d’un surplus de ressources après avoir couvert ses besoins essentiels (nourriture, logement) pour le jour et la nuit de l’Aïd. Elle est fixée à environ 9 euros par personne en France en 2025 (selon le CFCM), payable avant la prière de l’Aïd. Traditionnellement, le chef de famille (généralement le mari) la verse pour lui-même et ses dépendants, y compris sa femme et ses enfants. Mais qu’advient-il en cas de divorce ?
Le Statut de la femme divorcée et la Zakat al-Fitr
En Islam, l’obligation de payer la Zakat al-Fitr pour une femme divorcée varie selon le type de divorce et la période de viduité (‘idda). Voici les cas principaux :
1. Divorce Révocable (Talaq Raj’i)
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Définition : Un divorce où le mari peut revenir sur sa décision pendant la période de viduité (trois cycles menstruels ou trois mois si la femme ne menstru pas), sans nouveau contrat de mariage.
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Règle : Dans ce cas, le mari reste responsable de l’entretien de sa femme pendant la ‘idda, y compris la Zakat al-Fitr. Selon les savants (majorité des écoles Malikite, Chafi’ite, Hanbalite), il doit payer pour elle, car elle est encore sous sa charge financière temporaire.
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Exemple : Une femme divorcée le 15 mars 2025, en pleine période de ‘idda au moment de l’Aïd (30 mars), n’a pas à payer elle-même ; son ex-mari s’en charge.
2. Divorce Irrévocable (Talaq Ba’in)
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Définition : Un divorce définitif, comme un premier ou deuxième divorce avant consommation du mariage, ou un troisième divorce (talaq trois fois), rendant la séparation irréversible sans nouveau contrat.
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Règle : Une fois la ‘idda terminée ou si le divorce est effectif avant l’Aïd, le mari n’a plus l’obligation de payer la Zakat al-Fitr pour son ex-femme. Elle devient alors indépendante financièrement et doit la payer elle-même si elle dispose d’un surplus.
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Divorce avant consommation : Si le mariage n’a pas été consommé, le mari n’a aucune obligation, même pendant la ‘idda.
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Troisième divorce : Après trois talaqs, la femme est totalement libérée de la responsabilité financière de son ex-mari.
3. Femme Divorcée avec Enfants
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Si la femme divorcée a la garde des enfants, le père reste tenu de payer la Zakat al-Fitr pour eux (s’il a les moyens), mais pas pour elle en cas de divorce irrévocable. Elle paie pour elle-même si elle a un surplus.
Une femme divorcée doit-elle payer elle-même ?
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Oui, si elle est autonome financièrement : Une femme divorcée (après un divorce irrévocable ou une ‘idda terminée) disposant de ressources propres (salaire, pension, économies) doit payer sa Zakat al-Fitr si elle a un surplus après ses besoins essentiels. Par exemple, avec un revenu de 1 000 euros/mois et des charges de 900 euros, elle paierait 9 euros.
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Non, si elle n’a pas de surplus : Si ses revenus ne couvrent pas ses besoins de base (ex. : RSA de 589 euros/mois avec un loyer de 600 euros), elle est exemptée, car l’Islam n’impose pas une charge au-delà des capacités (Coran, sourate 2, verset 286).
Cas pratiques en 2025
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Divorce révocable : Une femme divorcée le 10 mars 2025, encore en ‘idda le 30 mars, voit son ex-mari payer 9 euros pour elle, sauf s’il refuse ou n’a pas les moyens (elle devrait alors chercher une solution via une mosquée).
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Divorce irrévocable : Une femme divorcée en janvier 2025, vivant seule avec 800 euros/mois après charges, paie elle-même 9 euros si elle a un surplus de 50 euros.
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Mère célibataire : Avec deux enfants et un divorce définitif, elle paie 9 euros pour elle (si possible), et le père paie 18 euros pour les enfants.
Avis des savants
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Majorité (Malikites, Chafi’ites, Hanbalites) : Le mari paie pour sa femme en divorce révocable pendant la ‘idda, mais pas après un divorce irrévocable.
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Hanafites : Certains estiment que la Zakat est liée au jeûne personnel, mais la pratique dominante inclut les dépendants, même non-jeûneurs.
Pratique en France
En 2025, les mosquées françaises (ex. : Grande Mosquée de Paris) encouragent les chefs de famille à payer pour tous leurs dépendants. Une femme divorcée irrévocablement, vivant seule, est considérée comme son propre « chef de famille » et paie si elle le peut. Les associations collectent souvent la Zakat pour les démunis, offrant une alternative si elle ne peut pas payer.
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